Ce texte ne se chante pas : il se déclame.
Sache que notre penne est l'emblème sacré
Que les vrais étudiants portent avec fierté.
Dressée tel un roc, défiant la tempête,
Elle crache son mépris sur toutes les têtes
De ces étudiants portant le feutre mou,
Des bourgeois trop ventrus ou les cheveux zazous.
Aux temps héroïques, tout étudiant portait
La penne ancestrale avec un art parfait.
Car, s'il est fort aisé de s'en procurer une,
La porter comme il faut n'est pas chose commune.
Mais de nos tristes jours, certains étudiants trop fats,
Trop prétentieux ou fiers, naïfs ou délicats,
Passent sans transition du sot béret marin,
Qui leur donnait, garçons, un cachet féminin,
Au feutre mou d'aspect tout à fait ridicule,
Symbole du bourgeois avec B majuscules.
Pour bien porter la penne avec chic et aisance,
Leur esprit trop étroit manque d'indépendance.
Ils montrent ainsi aux yeux de tous ce qu'ils sont :
Étudiants bâtards porteurs de cornes au front.
Car les jeunes filles que ces faquins épousent
Les trompent avec nous, narguant l'âme jalouse
De ces tristes sires qui n'eurent pas vingt ans,
Ne vécurent pas libres, mais bien en courtisans.