Instants d'intense camaraderie, les chants sont le cœur vivant des associations d'étudiants. Puisés dans un riche et vaste répertoire, ils rythment nos sorties. En effet, chacun se fait fort d'entonner fièrement devant les autres les morceaux les plus réussis. Certains chants, plus que vénérables et plusieurs fois centenaires, ont acquis une véritable renommée, si bien qu'ils ponctuent et guident le Folklore estudiantin. La Tradition ne serait rien sans cette abondante source de couplets hauts en couleurs, moteurs de toute activité d'associations dignes de ce nom. Nous y mettons un point d’honneur en Philo.
On débusque les premières publications de chants estudiantins aux alentours de 1860 dans un almanach publié par des étudiants. D'inspiration plutôt patriotique, ils exaltent davantage la liberté, le plaisir d'avoir 20 ans et la vie de bohème que la transgression un peu salace qui transparaît dans certains refrains plus contemporains. On y retrouve des thèmes récurrents nourrissant des rites propres : ne pas ressembler aux bourgeois, échapper à sa turne ou son garni(1) ou défier l'autorité.
Avant la Grande Guerre, les créations estudiantines, calquées sur des airs connus, naissent dans les revues théâtrales d'événements facultaires. Il faut attendre 1918 pour voir apparaître progressivement des chansons issues du répertoire traditionnel.
Ce n'est qu'au début des années 80, époque salvatrice de la régénération des comités de baptême, que les nouveaux inventeurs du folklore seront forcés d'aller puiser dans les seuls répertoires encore existants (les annales de la Faculté de Médecine vétérinaire de Cureghem et les Fleurs du Mâle de l'ULB) et d'inventer de nouveaux chants facultaires (ingénieurs, ISEPK, etc.) et des Ordres nouveaux.
À Louvain-la-Neuve, on date de 1980 l'édition du premier Petit Bitu, qui verra sa seconde version être éditée en 1995. Ces deux chansonniers n'étaient alors utilisé presque uniquement que par des calottins.
Depuis lors, des étudiants passionnés par le sujet et membres de l'ASBO(2) ont édité en 2001 un ouvrage qui fait référence depuis : le Bitu Magnifique.
À Liège, c'est grâce à l'Association des étudiants de Médecine que le premier Bitu est édité en 1984. Il a depuis été remplacé par le Bitu Ardent, beaucoup moins complet que son équivalent néo-louvaniste.
Au cours des années qui suivirent, les médecins se reposèrent un peu sur leurs lauriers et se désintéressèrent de la transmission aux masses du chant étudiant. Le comité de Philo et Lettres, de par ses études, plus conscient de l’importance du Folklore, reprit ce rôle de défenseur du chant estudiantin.
Mais nous sommes loin d'être les seuls à nous être inquiété de la transmission de ce patrimoine. En effet, dès 1974, le Cercle Polytechnique de l'ULB, ayant constaté le déclin de cette tradition, lance pour la première fois une activité consacré aux chants folkloriques. Cet événement est toujours organisé début septembre, et a fêté en 2014 ses 40 ans d'existence. À l'occasion du Festival Belge de la Chanson Estudiantine, des étudiants (mais pas que) venant de toute la Belgique participent à faire vivre et à renouveler le répertoire des chansons étudiantes.
(1) Ancêtre du kot.
(2) Ordre Académique de Sainte Barbe - Confrérie d'étudiants ingénieurs civils de l'Université catholique de Louvain, à Louvain-la-Neuve, Belgique
Document d'illustration fourni par Benoit "Bacchus" PONCIN : La Chanson Estudiantine, in Liège-Universitaire, Université de Liège, 1909.